Pascaline se marie
Pascal est l’homme à tout faire du séminaire. À l’origine il était surtout menuisier, mais ces attributions ont tendance à s’élargir du dépannage des voitures, jusqu’au colmatage des fuites diverses, en passant par le nettoyage des toitures.
Il marie sa fille, Pascaline, son aînée qui a vingt ans.
Je suis invité à la noce. Bien sûr j’ai participé à l’achat du riz de la noce, mais il m’aurait invité de toute façon. Je le connais depuis le début et je crois qu’on peut parler d’amitié entre nous. J’ai payé le riz, non pas avec mon argent, mais avec celui que m’a confié le secteur de Lège Arès pour justement de genre de dépannage. Il devrait me rendre les 50€. Il avait engraissé un cochon pour la circonstance, mais il m’a expliqué que s’il le vendait maintenant il en tirerait moins d’argent qu’au moment de Noël où la demande est forte.
Le mariage se passe sur deux jours. Le samedi est aux frais de la famille de la mariée et le dimanche, avec le mariage religieux, est à la charge de la famille du marié. Je n’ai pu aller qu’à la partie traditionnelle. À cause des cours que je devais assurer je suis arrivé en retard pour la mairie. Je les ai rejoints sur la piste qui va de la mairie au village en pleine campagne. Pascal a été très heureux de faire la fin du trajet juché sur ma moto. La traversée du village a été triomphale et j’en suis sorti rouge de poussière, mais ici la poussière est partout, mais lors de la noce. Il m’a suffit de m’épousseter un minimum.
Le repas se passait chez lui dans une cour protégée par des toiles de jute. Il a fait beau heureusement !
Avant nous avons eu droit au mariage traditionnel. La cérémonie était constituée essentiellement de discours que j’ai trouvé bien longs du fait que je ne comprenais pas exactement ce qui se passait. Le frère aîné de Pascal a bien dit qu’elle devait avoir lieu normalement avant le mariage à la mairie, mais ce devait être plus pratique dans cet ordre.
Je ne l’avais pas remarqué, la mariée avait été « cachée » dans la maison. On ne le croirait pas, mais on n’embarque pas Pascaline aussi facilement, il a fallu négocier. Il s’en est suivi un marchandage d’une heure et demie entre les représentants des deux partis. L’oncle du marié a mis une première enveloppe sur la table, mais tout le monde s’est récrié que ce n’était pas suffisant. Il a fallu en rajouter une seconde, puis une troisième. Il y a eu plusieurs intervenants, chacun défendant son camp.
Curieusement le ton a monté progressivement. L’ambiance plutôt à la rigolade s’est un peu tendue, comme si on prenait l’affaire au sérieux. Pourtant il n’y avait que quelques francs dans les enveloppes et il ne s’agit que d’un jeu traditionnel. Dans certaines régions, l’affaire va un peu plus loin puisqu’on assiste à un simulacre de pugilat entre les frères de la mariée et les amis du marié qui l’aident à enlever la belle. En l’occurrence, une quatrième enveloppe a suffit pour conclure l’affaire.
Il a fallu malgré tout rajouter une bouteille d’eau « sainte », une bouteille en plastique d’un demi-litre qui a conduit à une nouvelle polémique : elle était à moitié pleine ! Tout le monde s’est récrié, la mariée demande plus d’égards ! Ils sont allés compléter le niveau. Tout cela dans un flot ininterrompu de paroles plus ou moins vives dont un neveu de Pascal a essayé de me rendre intelligibles quelques bribes. Et on a récupéré la mariée !
La cérémonie s’est terminée par la bénédiction donnée par le grand-père de la mariée. Un gobelet en fer rempli d’eau, dans lequel on a mis à tremper une pièce de monnaie, a servi de bénitier. Le grand-père y a trempé les doigts et a mis un peu d’eau sur la tête des époux en disant quelques paroles sûrement saintes. Puis les trois y ont bu à tour de rôle.
Le repas pouvait commencer, traditionnel lui aussi : des morceaux de gras de porc trempant dans l’huile avec du riz, le tout arrosé de jus de fruit. Le repas de fête par excellence ! J’ai toujours un peu de mal, mais j’y arrive. Comme le veut la tradition, et tant pis pour Khalil Gilbran, les époux ont mangé dans la même assiette. Ils ont aussi mordu ensemble dans un morceau qui a été donné à mordre ensuite à un certain nombre de personnes… des célibataires ? J’ai échappé à ça, je crois qu’ils n’ont pas osé.
Je me suis senti à l’aise parmi eux. Pascal est accueillant et chaleureux et tout le monde s’est comporté avec moi sans manifestation de rejet ni d’égards excessifs. J’étais certes l’étranger de passage, un peu déphasé, mais des plus jeunes aux plus vieux, chacun a fait l’effort de me dire quelques mots ou de s’essayer à plus, chacun selon ses capacités. J’ai eu droit au minimum à quelques sourires.
J’ai passé le cap des premières surprises exotiques, ce qui me permet sans doute de goûter plus simplement les moments de proximité que je suis parfois amené à vivre avec des gens qui me font partager quelques facettes de ce qui est important pour eux.
1 December 2005 à 23:41
C’était quand le mariage ?
7 December 2005 à 9:56
Pour Dadou, le mariage, c’était le 19 novembre.
13 December 2005 à 23:32
De loin on entend les rumeurs de la noce , les cris , on sent la poussiére
le nez gratte un peu mais c’est tellement touchant
longue vie de bonheur à Pascaline et son mari
les Reb’s
19 December 2005 à 13:44
Un mariage qui donne nevie de partager ce moment de bonheur. Chaque pays ou région a ses coutumes. La mienne était de déposer mon bouquet au pied de la Vierge à Lourdes.Même si mon bonheur ne vient pas de cette coutume, je ne pouvais pas faire autrement… même en france on est imprégné de veilles coutumes qui se transmettent de mère à fille.Dans les écrits ou les habitudes de nos anciens il y a toujours un Saint à prier pour soulager ou demander. D’où nous viennent ces prières ? Sinon je souhaite beaucoup de bonheur aux nouveaux mariés.