Discussion avec les Akamas de l’A.C.A.
Qu’apporte-t-il dans leur vie de tous les jours ?
L’entraînement est terminé depuis une demi-heure. Le dojo du collège Soamalaza est vide, à l’exception d’un petit groupe de pratiquants qui discutent encore, assis sur des bancs, face au tatami. Ils ont soigneusement plié leurs akamas. Deux sont remontés sur le tatami pour soupeser et manier avec prudence le katana que « Rachri » – le père Christian, qui enseigne l’aïkido à l’ACA un semestre par an – a ramené de France… La discussion s’engage avec Nilsen, Bruno, Alfred, Nirina, Boss, Roger et Sitraka, seule fille présente ce jour.
« L’aikido, pour moi, c’est avant tout un art martial », explique Bruno qui a obtenu le 1er Dan en janvier 2005, avec Nilsen, Roger, Alfred et Sitraka. « Ce qu’il ne dit pas, précise immédiatement Nilsen, c’est que Bruno est un artiste, dans la vie de tous les jours tout autant que sur le tatami. Lorsqu’il pratique, c’est une danse… Mais une danse efficace ! » Tous reconnaissent la martialité originelle de l’aïkido et, au-delà, Roger rappelle que l’aïkido a amélioré sa forme physique et sa santé, tandis qu’Alfred insiste sur l’ouverture d’esprit vis-à-vis d’autrui. « L’aikido et les aikidokas font maintenant partie de ma vie, explique Sitraka. Il y a une grande amitié entre nous et, pour moi, c’est vraiment une seconde famille. »
Nirina, qui porte une akama depuis une semaine, se souvient qu’il a commencé l’aïkido comme un loisir. « En quatre ans, j’ai beaucoup changé. La pratique est devenue plus intéressante et l’aïkido est maintenant un but dans ma vie. » C’est également devenu un but pour Nilsen, qui remplace Rachri la moitié de l’année, lorsque ce dernier retourne en France : « La pratique de l’aïkido change tous les jours. Aujourd’hui, j’ai accumulé une expérience et, au fur et à mesure que j’avance, l’envie de vaincre s’efface. J’aimerais avoir une pratique aussi souple que l’eau, qui prend de multiples formes. Notre aîné O’Sensei a dit que l’aïkido coule dans les veines… C’est ce que je recherche. » L’aïkido est ainsi placé au centre de leur vie, aujourd’hui tout autant que demain. Dans cinq ans, Alfred aura fondé sa famille mais « il y aura des traces de cette pratique dans la pièce principale, car c’est une fierté. Cela m’a apporté une maturité que ceux de mon âge n’ont pas toujours ».
Mais le point sur lequel tous se rejoigne sans exception, c’est la fidélité à l’aïkido des origines, celui qu’a créé maître Morihei Ueshiba. « Ce que je cherche, dit Alfred c’est d’approcher ce qu’il arrivait à faire au travers de l’aïkido ». Bruno et Roger citent Koshi Tohei car « sa pratique était très proche de celle de O’Sensei. Ils jouaient avec des forces extérieures et faisaient preuve d’une grande spiritualité ». Seul Boss s’écarte un peu de cette unanimité et apprécie une certaine efficacité dans l’aïkido : « Pour moi, le modèle, c’est Gozo Shioda, parce qu’il a d’abord été disciple de O’Sensei, mais qu’il a ensuite créé son propre style… que certains trouvent un peu brutal. – Mais il a aussi dit, intervient Nilsen, qu’il ne fallait pas s’attacher à cette différence car l’aïkido vit et change, comme les saisons il peut être fort, souple ou doux… »
La discussion touche à sa fin quand Nilsen demande la parole : « J’aimerais juste terminer en remerciant le père Christian car, sans lui, je ne serais pas ce que je suis. Il nous a beaucoup donné, bien au-delà des techniques. Nous savons qu’il doit bientôt partir, mais quels que soient les maîtres qui viendront ensuite, qu’ils soient grands ou très grands, ils ne le remplaceront pas ». En effet, après dix ans de présence intermittente auprès de l’ACA, les obligations spirituelles de Rachri l’entraîneront sur d’autres sentiers ; l’ACA continuera alors seule sur ce chemin qu’il a ouvert.
Et les filles ?
Les filles, peu nombreuses à l’ACA, pratiquent avec une grande assiduité. Sitraka a ainsi obtenu sa ceinture noire avec les autres gradés du club : « Je pratique depuis plus de cinq années maintenant et je me rends compte que mes gestes se sont assouplis. Au début j’étais très brutale, mais c’est passé et, quand je m’entraîne avec Alfred je dois être plus forte, avec Bruno plus douce. J’essaie d’être en harmonie. » La discussion se poursuit sur la différence entre fille et garçon, au sein du club. Il semble entendu que la différence s’estompe vite avec la pratique. « C’est comme pour les enfants, il faut faire attention, au début, à cause de la différence de corpulence, mais ensuite, c’est sans importance. »
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Budget annuel :
Droits annuels d’inscription : 15 000 ariary (environ 6 €) par pratiquant
Nombre de membres : (dont 7 ceintures noires, 1er dan)
Nombre de licenciés :
Projets en cours : financement de la construction d’un dojo propre à l’ACA, amélioration du fonctionnement de l’association, sensibilisation des membres aux questions financières.